Vie de Fulbert


On sait fort peu de choses sur les origines de Fulbert. Selon certains, il serait né en Italie, selon d’autres en Picardie, entre 960 et 970, mais les premières années de sa jeunesse restent obscures. Plus tard, dans deux poèmes autobiographiques, il évoque simplement une enfance vécue dans une famille modeste ; l’éducation soignée et l’instruction poussée qu’il reçut laissent penser qu’il fut confié très jeune, comme c’était l’usage à l’époque, à un monastère pour y recevoir l’enseignement des moines.

La plus ancienne lettre de Fulbert qui soit conservée date de 1004. Il écrit à l’abbé Abbon de Fleury et ce texte atteste de sa présence à Chartres. On y apprend que Fulbert est diacre du chapitre cathédral et qu’il est sans doute déjà écolâtre (maître) de l’école chartraine. Deux ans après, en 1006, il est sacré évêque de la ville et se trouve, de ce fait, à la tête du « grand diocèse » qui s’étend de Mantes-la-Jolie à Blois. Dès lors, Fulbert va révéler une personnalité hors du commun.

Il fut d’abord un grand chrétien, dont le comportement était bien éloigné de celui des puissants prélats de l’époque, qui guerroyaient et festoyaient. Fulbert s’était forgé un idéal fait de charité, d’humilité, de sobriété et de chasteté ; sa piété était grande et sa dévotion à Marie toute particulière : s’il n’institua pas, comme on l’a dit à tort, la fête de la Nativité, il lui donna son importance et son éclat. Il s’attacha également à défendre l’Eglise contre les attaques et les abus de toutes sortes et lutta contre les hérésies, nées parfois parmi ses propres disciples. Fulbert fut très tôt l’objet d’une vénération que transmit la tradition; son nom était cité dans les litanies dites à Poitiers au XVIIe siècle, mais Rome n’officialisa jamais son culte.

Fulbert possédait un savoir universel. Si le droit juridique n’était pas sa préoccupation première, le droit canon lui fut fort utile dans la gestion spirituelle de son diocèse. D’après les témoignages de ses élèves, il excella dans l’enseignement des Arts Libéraux, mais on sait qu’il donna la préférence à la grammaire et la rhétorique et qu’il eut un grand amour pour la poésie et la musique. Cette dernière, qui était jusque là le propre des monastères, « rehaussa » alors « sa cathédrale d’harmonies religieuses », dont certaines de sa composition. Il s’intéressa également à la médecine et élabora des potions et des remèdes, avant que ses charges ne lui soient trop lourdes. Il communiquait tout ce savoir avec une pédagogie dont la sévérité et la gravité n’excluaient pas une grande attention et un attachement quasi paternel envers ses élèves : beaucoup de ceux-ci tinrent par la suite un haut rang dans les écoles des autres villes, jusque hors des frontières.

Ses connaissances en droit et sa sagesse firent de Fulbert le conseiller des grands de son époque, tels l’archevêque de Sens et le roi Robert le Pieux ; l’évêque n’hésitait pas, si nécessaire, à leur prêcher la simplicité et la prudence dans leurs entreprises.

Fulbert se montra également un grand bâtisseur : en 1020, il présida à la construction d'une cathédrale romane sur les ruines de la cathédrale carolingienne qui venait d’être détruite par un incendie. Ce nouvel édifice, disparu à son tour dans le feu en 1194, innovait considérablement par l’importance de ses dimensions, et par le fait qu’il reposait sur une crypte immense ou église basse, d’une forme et d’une longueur qui resteraient inégalées. Cette crypte demeure actuellement le seul témoin de l’œuvre architecturale de Fulbert.

Au terme d’une vie aux activités si diverses, Fulbert connut enfin le repos le 10 Avril 1028, « le 4 des ides d’Avril ». Il fut enterré dans le chœur de l’église abbatiale de Saint-Père-en-Vallée, au cœur de cette ville qu’il avait si bien servie et aimée.