Premier manuscrit - Exposé de l'ordinatio

Il y avait autrefois ici un Jeu de Paume affecté aux Chanoines.[...]

Nous trouvons d'abord un règlement du Chapitre d'Auxerre, du 18 avril 1396, ainsi intitulé : Ordinatio de Pila facienda. En voici la teneur : Ordinatum fuit quod Domini Stephanus de Hamello et Magister Johannes Clementeti qui fuerunt novi stagiatores, facient pilotam proxima die Lunae post Pascha… et consensit primum mensem pro dicta pila solvi …. On nommait encore  alors cette cérémonie, comme vous voyez, tantôt Pila, tantôt Pilota.

Il s'agissait d'une balle ou ballon
que chaque nouveau chanoine devait présenter à la compagnie, afin qu'elle s'exerçat dessus.
qu'elle serait offerte avec les solennités accoutumées ;
qu'on en jouerait comme à l'ordinaire,
et que le président de la compagnie pourrait, s'il jugeait à propos, l'enfermer chez lui, de crainte de quelque inconvénient.

Nota - Le mercredi 19 avril 1412, il fut statué que la pelote serait réduite, mais à une telle grosseur qu'il fût encore nécessaire d'y mettre les deux mains pour l'arrêter.

Premier manuscrit - Le Pilota contesté

«  Elle reçut quelque échec dès l’an 1471. Il n’y avait pas longtemps que Maître Gérard Royer, célèbre docteur de Paris, avait été reçu chanoine d’Auxerre. Son tour vint à fournir et représenter la pelote le jour de Pâques [...] L’heure venue pour la cérémonie, tous les principaux de la Ville, Gentilshommes, Magistrats, etc., assemblés avec le clergé dans la nef de la cathédrale, il ne se  trouva point de pelote. Celui qui devait la fournir était présent : on s’en prit à lui. Il s’excusa, disant qu’il avait lu dans le Rational de l’évêque de Mende, que cette cérémonie n’était pas convenable. Mais sa raison n’ayant pas été reçue, il fut obligé d’avoir recours à Etienne Gerbault, chanoine, qui avait chez lui la pelote, qu’il avait présentée l’année précédente, et de l’emprunter de lui.

Le chanoine Laurent Bretel, qui était curé de Saint Renobert à Auxerre, crut, sans être docteur en théologie de la faculté de Paris, qu’il ne lui convenait pas de tremper dans le Pilota, et il refusa de s’y soumettre. Aussitôt instance au Bailliage d’Auxerre ; mais contre l’attente des demandeurs, la cérémonie qu’on croyait y devoir être soutenue, vu le divertissement qu’elle donnait aux Magistrats du lieu, aussi bien qu’aux bourgeois, fut blâmée et condamnée, et ordre au Chapitre de la changer en quelque chose de plus édifiant. (sentence du 22 août 1531).

Appel intervint de la part du Chapitre, et en 1538, le 7 juin, il fut prononcé, en confirmation de la sentence du Bailliage d'Auxerre, que la complainte présentée par les doyen, chanoines et chapitre d'Auxerre était non recevable, que la cérémonie serait reformée, et qu'elle se ferait sans aucune oblation de pelote en forme sphérique, ni aucune collation ; et les protecteurs de la Pelote furent condamnés en tous les dépens envers Maître Laurent Bretel».